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De guerre las, les Kurdes font front

Manifestation. Plus d’une centaine de kurdes se sont réunis hier à Marseille contre les exactions du régime turc.

Ils se sont réunis une nouvelle fois, sans se décourager, toujours pour la même raison : protester contre le sort réservé aux Kurdes en Turquie. Cette fois, c’est la mort d’une soixantaine de civils kurdes, suite à un incendie déclenché dimanche dernier par l’armée turque à Cizir, qui les mobilise. Ce n’est que l’une des tragédies qui affecté la communauté ces dernières années.

Malgré tout, les Kurdes continuent à protester : « On les soutient, on ne se lasse pas, on sera là jusqu’au bout » affirme Sukran Kisaer, présente avec sa fille Chiran. Ce n’est pas la première fois qu’elles viennent manifester mais elles n’abandonnent pas.

C’est le rejet profond de la politique du Président turc Erdogan qui les unit avant tout, que Satuk Receb n’hésite pas à qualifier d’« assassin ». Cet homme installé depuis 27 ans en France et qui n’a pourtant jamais réussi à obtenir la nationalité, enrage contre le dirigeant, un « terroriste » ajoute-t-il.

Mais son amertume vient sur- tout de la complicité qu’il dénonce entre l’Occident et Erdogan. Il s’écrie avec virulence : « on est là pour répéter ce qu’a dit Émile Zola il y a cent ans, [...] J’accuse la France d’être complice des crimes inhumains que la Turquie commet sur notre propre territoire et sur lesquels l’Europe ferme les yeux. » Il n’a pas de mots assez durs pour l’État français : « La France a toujours été un pays colonialiste, on a toujours rempli les caisses de l’État en allant piller les autres ; mais quand est-ce que ça va s’arrêter ? ». Mais il ne fait pas l’amalgame entre les Français et leur gouvernement. D’ailleurs, il appelle au changement : « Vous devez aussi vous révolter, parce que cette société ne mérite pas ça ».

Une fraternité décevante

Mais ce n’est pas la haine qui transparaît dans les discours, plu- tôt de la désillusion, suite au sentiment d’avoir été trahi. Chiran Kisaer, l’énonce clairement : « Nous les Kurdes étions là pour Charlie, pour tout ce qui se passe en France, mais eux ne sont pas à notre côté ».

Stakuk Receb s’est également senti touché par ces événements meurtriers : « Les attentats contre Charlie Hebdo, c’était contre les intellectuels français. Ceux de Belleville, où j’ai vécu moi-même pendant quinze ans, ont touché le seul endroit où les Chinois, les Kurdes, les Turcs, les Arabes vivent ensemble. C’est pour semer la terreur. »

Un clair désir frustré d’intégration est aussi à l’origine de cette déception : « On n’est pas là pour mettre du désordre dans la société, on veut seulement la paix chez nous ».

Symbole de cette union fragile, la présence de Patrick Gougle, venu représenter la CNT (Confédération Nationale du Travail) en solidarité avec les Kurdes. Il vient protester contre « la répression que les Kurdes connaissent depuis plusieurs dizaine d’années ». Il ne cache d’ailleurs pas son admiration pour le mouvement kurde à Marseille, très actif selon lui : « c’est un des mouvements les mieux organisés et les plus présents ».

Malgré la marque de solidarité de quelques non-Kurdes venus soutenir les manifestants, le sentiment dominant est la colère. La tension est d’ailleurs palpable au point qu’Atanos Filipov, Turc installé en Albanie et qui s’est rendu là par curiosité, n’ose s’exprimer qu’en chuchotant : « Il y a de gros problèmes entre Turcs et Kurdes » admet-il.

Les drapeaux du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) flottent mollement dans la brise alors qu’un dirigeant harangue la foule en kurde. La lutte continue.

Myriam Mariotte (La Marseillaise, le 9 février 2016)

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De guerre las, les Kurdes font front

le 09 février 2016

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