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Conflit syrien, résistance kurde et « obsession » turque

L’attentat, non revendiqué, complique encore un peu plus la compréhension du conflit en Syrie voisine, où se croisent intérêts divergents et alliances parfois contre nature. Avis d’experts pour y voir plus clair.

Accusations, dénégations, contre-accusations… saura-t-on un jour la vérité sur l'attentat ?

Deux hypothèses sont avancées : la responsabilité des Kurdes, en réponse aux bombardements turcs sur les positions kurdes de Syrie ; ou celle des jihadistes de l’EI « que le pouvoir turc a cessé d’aider » à la demande des États-Unis, pour qui la priorité est de vaincre l’EI, explique Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne à Ankara et analyste à la fondation Carnegie Europe (Bruxelles). « Il est évident qu’avec cet attentat, on démontre aux Alliés (de la Turquie) qu’il est impossible de travailler avec les Kurdes », or c’est précisément ce que font les États-Unis, qui soutiennent les Kurdes de Syrie dans leur lutte contre l’EI, note Dorothée Schmid, de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Troisième hypothèse : l’attentat serait le fait de « l’État profond », les forces obscures plus ou moins proches du pouvoir ou des mouvements nationalistes, dont l’existence est régulièrement évoquée en Turquie.

Quels sont les objectifs poursuivis à long terme par la Turquie ?

« L’obsession absolue desTurcs » est d’éviter de voir les Kurdes de Syrie faire la jonction des deux zones qu’ils contrôlent dans le nord, ce qui leur donnerait la quas-totalité des 900 km de frontière entre Syrie et Turquie, explique Marc Pierini. C’est pour cette raison qu’ils bombardent à outrance les positions kurdes syriennes. « On aurait alors un Kurdistan syrien de fait, et les Turcs se verraient pris en étau, puisqu’ils font déjà face au PKK dans leur propre pays », ajoute-t-il. Les Kurdes des deux côtés de la frontière sont déjà « unis par la personnalité du même leader historique, Abdullah Öcalan », note à ce propos le journaliste et analyste syrien Kadri Gürsel. Enfin, sur le long terme, la menace d’un « encerclement » kurde de la Turquie pourrait aussi venir de sa frontière est, puisque le principal dirigeant de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, vient d’annoncer un référendum sur l’indépendance de la région. Autre objectif du régime islamo-conservateur, pays à majorité sunnite : faire tomber Bachar al-Assad, qui est soutenu par des alliés chiites -Iran et Hezbollah libanais- et avoir son mot à dire sur l’avenir de la Syrie. « Erdogan pense que son pays doit être présent sur le terrain, sinon il ne sera pas présent à la table des négociations », note Kadri Gürsel.

La Marseillaise, le 19 février 2016

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Conflit syrien, résistance kurde et « obsession » turque

le 19 février 2016

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