Réseau PCF Kurdistan

Indignation. Jusqu’au 8 mai, à partir de 14h, la jeunesse kurde se rassemble sur le Vieux-Port. Le but est de dénoncer le silence assourdissant de la communauté internationale.

Sous l’ombrière du Vieux-Port, malgré le vent violent, ils dénoncent avec colère « le nettoyage ethnique mené par l’État Turc ». Une dizaine de militants de la cause kurde réclament la libération d’Abdullah Öcalan, l’un des fondateurs et dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). « Notre leader est détenu depuis 2002, nous n’avons aucune nouvelle de lui depuis avril 2015 car il subit un isolement total », explique Erkan, 20 ans.

Des couvre-feux tournent au drame avec notamment à Cizre, 60 civils retrouvés brûlés vifs, ou encore des manifestations durant lesquelles les Kurdes sont malmenés par la police. « Comment la communauté internationale peut ne pas agir ? », s’indigne Botan, 22 ans. Trois dirigeantes kurdes en janvier 2013 ont été assassinées à Paris, « Manuel Valls avait promis de faire justice or 3 ans après, les familles ne peuvent toujours pas faire le deuil. » Pas de quoi entamer la détermination des militants qui en ont fait des symboles de leur lutte : le HDP est un parti à parité et la présence de femmes est le fondement de leur organisation, rappellent-ils.

« Dans un système où les femmes ne sont pas libres, le peuple ne sera jamais libre », affirme Firat.

Défaire les Députés de l’immunité pendant leur mandat

Ismail Kahraman, Président du parlement turc, plaide pour l’abandon du principe de laïcité « C’est incroyable car le Parti démocratique des peuples (HDP), que nous soutenons, est pour que toutes les religions et que toutes les nationalités vivent ensemble en paix. » Ces jeunes évoquent la présence de leurs proches qui sont sur place, qui sont blessés, tués et sont scandalisés par le silence des États en Occident. « La liberté d’expression n’existe pas là bas ! Tout est surveillé, Twitter, Facebook, Youtube », proteste Firat, 18 ans.

Un journal allemand, Die Tageszeitung a d’ailleurs diffusé ce mardi une édition bilingue germano-turque pour dénoncer la censure du régime d’Erdogan et le silence de Berlin et de l’UE.

La bagarre qui a eu lieu cette semaine au parlement turc, où des Députés kurdes et arméniens ont été pris à parti physiquement, indigne une nouvelle fois. « Nous sommes tristes de voir de tels comportements ! », indique Erkan. « Erdogan veut chasser les députés HDP du Parlement », dénonce Firat qui n’hésite pas à pointer une dérive « dictatoriale » du régime.

Sihem Kaouadji (La Marseillaise, le 7 mai 2016)