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Sayin Tuba Hezer. « Le Parti démocratique des peuples est un obstacle au régime d'Erdogan »

Sayin Tuba Hezer, Députée kurde au parlement turc et membre du HDP est à Marseille pour participer au festival des femmes kurdes et provençales aujourd’hui(*).

La Marseillaise. Vous êtes visée par la procédure de levée de l'immunité parlementaire lancée par Recep Tayyip Erdogan. Quel est son but ?

Sayin Tuba Hezer. Elle n'est pas sans lien avec la guerre qui se déroule au Kurdistan. Depuis les législatives du 7 juin 2015, le Parti démocratique des peuples (HDP) est un obstacle au projet de régime hyper-présidentiel voulu par Erdogan. Même après les élections anticipées qui ont eu lieu en septembre nous avons rassemblé non seulement les Kurdes mais différentes couches de la société qui sont persécutées et opprimées depuis des décennies. C'est insupportable aux yeux d'Erdogan qui a fait incarcérer 1.200 élus, militants et cadres de notre parti, mais aussi des journalistes, des représentants du monde académique qui se situent dans l'opposition à sa politique. C'est dans ce cadre que 50 de nos 59 Députés sont visés par une procédure de levée de l'immunité parlementaire.

La Marseillaise. Que vous reproche-t-on ?

Sayin Tuba Hezer. Les accusations dont nous sommes l'objet se fondent sur nos prises de parole dans l'hémicycle ou dans des réunions publiques. Nous avons été élus par le peuple sur des revendications, notamment celles du peuple kurde, il n'est pas question pour nous de les taire. Avant même les dernières législatives nous, députés du HDP, avions signé une déclaration demandant la levée de l’immunité parlementaire de l'ensemble des Députés en matière de corruption, de vol, de prise illicite d’intérêts. Étonnamment, les Députés de l'AKP (parti du président turc, NDLR] ont repoussé cette proposition.

La Marseillaise. Quel regard portez-vous sur l'Union européenne qui semble surtout préoccupée par la question des réfugiés ?

Sayin Tuba Hezer. Nous déplorons que les réfugiés soient l'objet d'une forme de marchandage alors qu'ils ont un statut et des droits conférés par les traités internationaux. Erdogan se sert de ces victimes de la guerre pour obtenir la suppression de l'obligation de visas pour les ressortissants turcs alors que la Turquie ne remplit pas tous les critères prévus par l'Union européenne. Je pense particulièrement à deux d'entre-eux : il existe en Turquie une loi anti-terreur extrêmement large qui sera probablement utilisée contre nous lorsque notre immunité sera levée. Et la loi restreignant la liberté d'expression. Si l'Union européenne accepte cela, elle transige avec les valeurs qu'elle affiche.

La Marseillaise. Vous venez rencontrer à Marseille des femmes kurdes, quelle importance le féminisme revêt-il pour vous ?

Sayin Tuba Hezer. Les femmes doivent être les égales des hommes en tous domaines. La moitié de l'humanité ne peut être infériorisée. Nous ne voulons plus que les femmes soient la fille, la sœur, la mère de quelqu'un. Elles sont d'abord des personnes qui doivent posséder les mêmes droits. Nous avons généralisé dans notre parti et dans nos communes le système de co-présidence qui institue l'égalité femme-homme. La lutte menée au Rojava [Kurdistan de Syrie NDLR] est une révolution contre Daech qui montre la place que nous voulons pour les femmes. Je ne peux m'empêcher d’avoir une pensée pour Sakine, Leyla et Rojbin, trois militante kurdes assassinées à Paris en 2013. L'enquête a montré l'implication des services secrets turcs. Comment les services français n'ont-ils pas pu être au courant ? À quelques jours de la commémoration de leur assassinat, trois dirigeantes ont été tuées en Turquie. C'est la même idéologie qui les a prises pour cibles.

Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 22 mai 2016)

(*) Aujourd'hui, midi au Parc du Grand Séminaire 72, rue Paul Coxe (14e) participation : 10 euros.

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Sayin Tuba Hezer. « Le Parti démocratique des peuples est un obstacle au régime d'Erdogan »

le 22 mai 2016

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